Laine du mois de Février

Février, le froid est encore ici alors je vais vous parler d’une laine qui garde exceptionnellement bien la chaleur : le mohair.

 

Le mohair est une fibre qui provient de la chèvre angora. Oui, encore une chèvre! Et pas n’importe quelle chèvre, mais la chèvre la plus ancienne dans les récits historiques. On relate les premières utilisations de la laine de mohair à 2000 ans avant J-C.

L’origine de cette chèvre serait, encore là, en provenance du Tibet et du plateau Himalayen avant d’être transporté vers la région d’Anatolie par les peuples nomades. On l’appelait alors la chèvre du Tibet. Alors pourquoi on l’appelle la chèvre angora? Parce que la région d’Anatolie, maintenant Ankara, s’appelait Angora. CQFD!! Puis, dans le 19e siècle, la chèvre a été importée vers les États-Unis et l’Afrique du Sud et au 20e siècle, elle peuple enfin l’Europe.

Désormais, la production mondiale se base principalement en Turquie, en Afrique du Sud (50% de la production mondiale), en Argentine et en Australie (encore lui? Je commence à me dire qu’il y a plus de moutons-chèvres que d’humains) et elle représente seulement 1% de la production totale de fibre animale. Dans le 19e et 20e siècle, la population de chèvre angora a explosé dans le monde. Mais dernièrement, le nombre de bête a drastiquement diminué et on a de moins en moins d’élevage de chèvre angora en Amériques et en Europe. Les économistes et les éleveurs expliquent cette diminution de cheptels par le prix du mohair qui a considérablement baissé dans les années 1990. Les éleveurs et les manufactures ont dû abandonner leur production aux profits de l’exportation ou le prix de la main d’œuvre est moins cher.

La chèvre angora est une petite chèvre rustique de petite taille et, comme sa cousine la chèvre cachemire, bien adaptée aux régions arides et froides mais elle est beaucoup plus sensible aux climats humides et peut attraper souvent des pneumonies.

Mais, contrairement à sa cousine, la couleur de son pelage n’est que blanc. On ne retrouve aucune couleur, ce qui permet de teindre cette laine de couleurs très vives. La toison de la chèvre mohair se présente sous forme de mèches longues torsadées (tu sais, un peu comme le Suri, la laine du mois d’Octobre), soyeuses et lustrées. Son poil, constitué de kératine, a une forme elliptique avec des écailles assez grandes mais plates et fermées. Est-ce que tu savais que c’est la taille et la forme des écailles qui va donner le lustre de la laine? C’est pour ça que le mohair brille plus que le cachemire.

En plus, son poil pousse de façon impressionnante de 2.5cm par mois, ce qui est assez rentable car on peut alors pratiquer 2 tontes par an si notre petite chèvre est nourrie adéquatement.  La première tonte aura lieu à l’automne et la seconde au printemps, juste avant les mises bas. En 6 mois, soit juste avant la tonte, le poil va mesurer une dizaine de centimètres et peser entre 2 et 2.5kg. En général, on effectuera la tonte sur un sol proprement balayé et des précautions supplémentaires sont prises pour garder les fibres propres et exemptes de débris. Les fibres sont ensuite traitées pour enlever la graisse naturelle, la saleté et les matières végétales.

 

La laine de mohair est une fibre relativement douce (entre 26 et 30 microns), vaporeuse (très légère), élastique et chaude (laine isolante qui emprisonne l’air et préserve donc la chaleur en hiver et en été). On lui reconnaît aussi une résistance plus importante que pour le cachemire. Fait exceptionnel, certains disent que le mohair résiste particulièrement bien au feu!

Un site spécialisé dans le mohair a indiqué que des études ont démontré entre autres : 

  • L'exceptionnelle solidité et durabilité du mohair qui peut être tordu et compressé sans s'endommager; on prétend que c'est la fibre la plus résistante du  monde, à l'exception du fil de l'araignée.
  • L'extrême élasticité de la fibre mohair qui s'étire jusqu'à 30% de sa longueur et reprend sa forme sans étirement et sans relâchement.
  • Une résistance au rétrécissement.
  • Une grande capacité d'absorption de l'humidité (jusqu'à 30% du poids) ainsi qu'une libération lente de l'humidité absorbée, résultant en une réduction du risque de refroidissement.
  • Un lustre et une douceur unique liés à la structure de ses fibres.
  • Une résistance aux salissures très appréciée, car les poussières glissent et n'adhèrent pas aux fibres de mohair.
  • De grandes propriétés isolantes qui maintiennent la chaleur corporelle par temps froids et protègent de la chaleur l'été.
  • La presque non-inflammabilité de la fibre qui cesse de brûler dès qu'elle est retirée de la flamme.
  • Une résistance naturelle contre les bactéries limitant la présence de celles qui causent la mauvaise odeur.

Bon, tout le monde s’accorde pour dire que le mohair est une fibre légère et douce, alors pourquoi fait il partait des laines qui grattent le plus? En fait, le problème vient des écailles. Oui je vous ai dit qu’elles étaient plates et grandes, mais elles sont aussi rigides. La rigidité des écailles dépend du diamètre de la fibre. Plus la fibre sera fine (en micromètre), plus ses écailles seront souples et douces. Dans le monde du textile et du filé, on dit qu’une fibre de plus de 28 micromètres, les fibres piquent, alors qu’en dessous de 16.5, la fibre est considéré comme très douce. Vous me direz alors, pourquoi on ne sélectionne pas juste les fibres fines sur chaque animal? Et bien parce qu’en fait, la finesse est propre à chaque espèce, mais aussi à son âge (tu sais la baby ou la kid, qui est une laine très douce). Enfin, le traitement et la fabrication qu’elle va subir ensuite aura aussi un impact sur sa douceur.

tu veux en savoir plus sur la transformation du mohair ici chez nous? Voici un beau petit rapport rédigé par l'association des éleveurs de chèvres angoras pur-sang du Québec.

http://www.chevreduquebec.com/files/File/rapport_transformation_du_mohair.pdf